Courrier adressé à Mr le Préfet le 3 septembre 2011 au sujet de la demande de prolongation de Total à laquelle nous sommes opposés
Association Coteaux de Jurançon Environnement Association Loi 1901 n° W643002685 déclarée le 16 janvier 2008
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Jurançon le 3 septembre 2011
Objet : Demande de prolongation par Total de la phase d'injection de CO2 sur le site de
Rousse.
Monsieur le Préfet,
Total demande une prolongation de la phase d'injection du CO2 de 18 mois. Cette demande intervient à l'issue des deux années prévues initialement pour l'injection. Son impact sur les riverains est considérable puisque les nuisances occasionnées par le projet vont se poursuivre pendant une longue période. Il convient donc de regarder de plus près cette demande.
De nombreuses incohérences apparaissent entre les différentes déclarations de Total concernant cette demande de prolongation. Ainsi à la CLIS du 31 janvier 2011, Total fait état d'une quantité de CO2 injecté en 2010 de 10000 tonnes au rythme moyen de 100 t/jour ( au lieu des 200 t/jour prévus) pendant 2500 heures. A la même réunion Total fait ensuite mention des perspectives futures : 20000 t en 2011, 25000 t en 2012, 25000 t en 2013, pour un total de 80000 t (au lieu des 120000 t prévus). Par ailleurs dans la presse (article Sud-ouest du 23/08/2011) Total parle maintenant d'une parfaite maitrise du projet après certaines difficultés et d'un rythme d'injection de 200 t/jour conformément aux prévisions. Or les prévisions étaient de 60000 t/an pendant 2 ans avec un rythme moyen de 200 t/jour. Si tout est parfaitement maitrisé, on peut donc supposer qu'au début 2012, 60000 t auront été injectées en plus des 10000 t déjà injectées en 2010; il ne restera plus alors que 10000 t à envoyer dans le réservoir, ce qui ne devrait prendre que 2 ou 3 mois, certainement pas 18 mois. Ou bien les chiffres donnés par Total à différentes occasions ne correspondent à rien de sérieux, ou bien, si tout est réellement parfaitement maitrisé, Total n'injecte que pendant une toute petite fraction de l'année et a besoin de 18 mois pour rencontrer son objectif révisé de 80000 t. Dans tous les cas il faut des explications.
Nous avons retenu une autre incohérence. A la CLIS, tout en laissant entendre qu'une prolongation serait nécessaire, le nouveau responsable hiérarchique du projet a mentionné que les résultats essentiels avaient déjà été obtenus. Pourquoi alors continuer? S'il s'agit de prendre des données, une évaluation objective de celles déjà obtenues et de celles encore à obtenir s'avère nécessaire.
Les causes essentielles du retard sont, selon Total, reliées aux difficultés rencontrées avec les sondes sismiques en profondeur et avec le compresseur destiné à mettre en pression les gaz une fois captés . A y regarder de près, ces retards auraient pu être évités. La communication des sondes sismiques avec la surface se faisait malheureusement en mode commun pour les 3 sondes et non de manière indépendante pour chacune, avec comme conséquence qu'une défaillance d'une des sondes entrainait la perte de liaison avec les deux autres sondes. Il y avait manifestement une erreur de conception, qui a heureusement été corrigée lors du remplacement des sondes. Pour ce qui est du compresseur, il est pour le moins surprenant que des tests de corrosion des matériaux des chambres de compression n'aient pas été effectués sur un banc d'essai avant le lancement du projet. Nous n'avons jamais réussi à savoir si les problèmes rencontrés étaient définitivement réglés. Nous aimerions, aussi, être certains qu'il n'y a pas de problèmes de corrosion possibles sur la canalisation de transport et sur l'enveloppe métallique du puits. Avec le recul il apparait clairement que le projet n'est pas aussi maitrisé que le prétend Total.
Nous n'avons pas confiance dans les différentes annonces de Total. Nous demandons depuis le début une évaluation indépendante du projet : une évaluation qui ne soit pas faite par des personnes rattachées à des organismes en conflit d'intérêts avec Total. Nous proposons, à ce stade du projet et avant toute prolongation, une évaluation effectuée sous l'autorité du président du Haut Conseil de la science et de la technologie auprès du gouvernement. Le président de la CLIS, Monsieur Miqueu, a lui-même proposé, il y a plus d'un an, Jean Jouzel, président du Haut Conseil, comme personnalité susceptible de venir sur place donner son opinion sur le projet.
Nous vous prions de croire, monsieur le Préfet, à nos sentiments respectueux.
Paulette Loustalet
Présidente de l'association Coteaux de Jurançon Environnement
Av Amiral Landrin
64110 Jurançon
tel : 05 59 06 00 96
Cc : Monsieur Miqueu, Monsieur Boulaigue